L’amour et le contrôle font-ils bon ménage ? Cette question taraude l’esprit de nombreux individus, notamment lorsqu’ils sont engagés dans une relation de couple. Doit-on accepter certains comportements de l’être aimé au nom de l’amour ? Jusqu’où peuvent aller les tentatives de contrôle sans nuire à la relation ?
Les experts s’accordent à dire que l’amour ne rime pas nécessairement avec possession et manipulation. Bien au contraire, les relations les plus épanouies reposeraient sur la confiance, le respect et la liberté accordée à chacun des partenaires. Cependant, le besoin de sécurité et la peur de l’abandon poussent parfois l’un ou l’autre à vouloir surveiller et diriger son ou sa partenaire.
D’où vient ce désir de tout contrôler chez l’être aimé et comment y remédier ? Peut-on aimer quelqu’un sans lui faire totalement confiance ? Faut-il accepter certains écarts de conduite au nom du grand amour ?
Les raisons qui poussent à vouloir contrôler son ou sa partenaire
Avant d’analyser les motivations derrière le besoin de contrôle dans le couple, voyons d’abord comment se manifestent concrètement ces comportements.
Les signes d’un besoin de contrôle malsain
- Surveiller les faits et gestes de l’autre (mails, SMS, appels…)
- Lui demander sans cesse où il/elle est et avec qui
- Chercher à savoir ce qu’il/elle pense
- Critiquer sa façon de s’habiller ou de se comporter
- Lui dicter qui fréquenter ou non
- Le/la culpabiliser pour qu’il/elle passe plus de temps avec soi
- Menacer de le/la quitter s’il/elle ne fait pas ce qu’on veut
Bien que malsains, ces comportements partent souvent d’un besoin de sécurité exacerbé et de la peur panique d’être abandonné(e). Analysons plus en détails les motivations derrière ce désir de tout diriger.
Combler un manque affectif
Certains individus, privés d’amour durant l’enfance, cherchent à combler ce manque en voulant posséder entièrement leur partenaire. Ne sachant pas aimer autrement, ils confondent amour et contrôle. Le psychologue Michel Maestre explique :
« Chercher à contrôler l’autre est une manière détournée de lui demander de l’amour. C’est une stratégie magique inconsciente pour obtenir l’amour dont on manque tellement. »
Se rassurer face à l’incertitude
Pour certaines personnes, ne pas savoir où est l’être aimé ou avec qui il se trouve est vécu comme une véritable angoisse. Elles supportent mal l’incertitude et l’absence de garanties. Guillaume Durand, psychothérapeute, analyse :
« Le besoin de tout contrôler vient d’une incapacité à gérer le manque, l’absence et l’incertitude, inhérents pourtant à toute relation amoureuse. On cherche des certitudes rassurantes là où il n’y en a pas. »
Éviter l’abandon
La peur panique d’être quitté et de se retrouver seul(e) pousse certains individus à tout faire pour satisfaire leur partenaire et s’assurer de sa présence. Perdre l’être aimé équivaudrait à une catastrophe. D’où les tentatives désespérées de le modeler et de le garder près de soi à tout prix.
Se sentir supérieur
Certains individus dominants usent de manipulation et de culpabilisation non pas par peur, mais pour assouvir un profond besoin de contrôle et de pouvoir. C’est en rabaissant l’autre et en le maintenant dans un état de sujétion qu’ils tirent leur estime de soi.
Manque de communication
Incapables d’exprimer clairement leurs sentiments et leurs attentes, certaines personnes préfèrent agir plutôt que parler. Elles orchestreront ainsi la relation à leur façon pour signifier leur amour, pensant bien faire. Problème : leur partenaire ne dispose pas du mode d’emploi et risque de très mal interpréter ces agissements.
Pourquoi le besoin de tout contrôler est-il néfaste ?
Si vous vous reconnaissez dans certains des comportements cités, sachez qu’ils sont non seulement toxiques pour votre couple, mais également contre-productifs pour atteindre vos objectifs.
Cela donne l’effet inverse
Plus vous étouffez l’être aimé, plus il aura tendance à se défiler et à prendre ses distances. Vos tentatives désespérées de le garder près de vous risquent au contraire de le faire fuir.
Cela tue le désir
Être sans cesse critiqué, surveillé, culpabilisé, c’est loin d’être excitant côté libido ! Votre partenaire risque de perdre toute envie et attraction pour vous s’il se sent épié et bridé dans chacun de ses faits et gestes.
Cela génère souffrance et ressentiment
Se sentir étouffé, rabaissé, privé de liberté, c’est extrêmement douloureux à vivre au quotidien. Cela ne peut qu’engendrer de la rancoeur, de la colère refoulée et l’envie de vous faire payer.
Cela détruit l’amour
Comment l’amour pourrait-il survivre dans un climat de tension, de chantage et de manipulation ? Votre obsession à tout maîtriser tuera à petit feu les sentiments amoureux, ne laissant place qu’à l’amertume.
Peut-on aimer sans faire confiance ?
La plupart des spécialistes s’accordent à dire que non, l’amour et la méfiance sont antinomiques. Examinons pourquoi.
Amour et confiance sont indissociables
« La confiance est le ciment de l’amour, elle permet de construire une relation épanouie dans la durée », affirme Nathalie Calvino, thérapeute de couple.
Difficile en effet de se sentir aimé si l’on est sans cesse soupçonné de tromperie ou de mauvaises intentions. La méfiance instaure un climat délétère au sein du couple et finit par rendre toute intimité impossible.
Le vrai amour inspire confiance
« Quand on aime vraiment, non seulement on fait confiance, mais on a confiance, naturellement », analyse Stéphane Clerget, psychologue. « Cette confiance repose sur une conviction intime que l’autre nous est loyal et ne ferait rien qui puisse nous blesser. »
Ainsi, l’amour authentique transcenderait le besoin de preuves et de garanties. Il suffirait à apaiser nos peurs, tant nous serions certains des intentions et des sentiments de l’autre à notre égard.
Sans confiance, la passion meurt
« La flamme de la passion a besoin d’oxygène pour respirer, cet oxygène c’est la confiance », déclare Jacques Salomé, thérapeute et auteur spécialisé dans les relations amoureuses.
Selon lui, le doute et la suspicion éteignent peu à peu le désir, car comment s’abandonner dans l’intimité quand on se demande constamment si l’autre nous trompe ou nous manipule ?
Confiance aveugle VS naïveté
Faire aveuglément confiance serait cependant tout aussi nocif que de tout remettre en question de façon maladive.
« Il ne s’agit pas de faire preuve de naïveté en fermant les yeux sur des actes objectivement blessants, mais de cultiver une saine confiance de base envers son partenaire », nuance Stéphanie Calvino.
Autrement dit, accorder le bénéfice du doute par défaut tout en gardant suffisamment de lucidité pour identifier d’éventuels signaux d’alarme.
Peut-on accepter certains « écarts » de son partenaire ?
Face à des comportements qui heurtent notre conception de la fidélité, faut-il fermer les yeux par amour ? Jusqu’où peut-on tolérer certains dérapages sans renier ses propres valeurs ? Éléments de réponse.
Définir ce qu’on entend par « tromper »
La définition de l’infidélité varie considérablement d’un individu à l’autre. Elle peut aller du simple flirt SMS au rapport sexuel, en passant par le visionnage de films pornos ou les conversations coquines sur les réseaux.
Avant de crier à la tromperie, mieux vaut donc clarifier en amont ce qui, pour vous, constitue véritablement un manquement à l’engagement de fidélité.
Faire preuve de discernement
Une ambiguïté, un impair de langage, un moment d’égarement sous l’effet de l’alcool peuvent arriver à tout le monde. Inutile alors de jeter le bébé avec l’eau du bain si l’on sent que la loyauté profonde de l’autre n’est pas remise en cause.
« Tout n’est pas blanc ou noir en amour, il y a parfois 50 nuances de gris », rappelle Jacques Salomé. Autrement dit : relativisons et faisons preuve de discernement avant de crier haro sur le traître infidèle !
Hiérarchiser selon ses valeurs
Trouver son partenaire dans les bras d’un(e) autre serait évidemment impardonnable pour la plupart des gens. Mais qu’en est-il par exemple d’un strip-tease impudique durant un enterrement de vie de garçon ?
Tout est question de hiérarchie dans les valeurs de chacun. Si un comportement donné vous semble aller à l’encontre de vos principes les plus sacrés, aucune concession ne sera possible et la rupture s’impose.
Communiquer !
En cas de doute, de malaise ou de rancœur liés à un acte de votre partenaire, rien de tel qu’une franche discussion pour clarifier son attitude et ses intentions. L’incompréhension mutuelle est bien souvent à l’origine de la discorde.
Sachez entendre ses arguments avec empathie avant de le/la condamner, et exprimez aussi vos ressentis avec assertivité. La communication saine vous aidera à y voir plus clair.
Comment cesser de vouloir contrôler son partenaire ?
Êtes-vous prêt(e) à lâcher prise au profit de la confiance ? Voici 5 pistes pour vous aider à rompre avec ces attitudes toxiques.
En prendre conscience
Première étape incontournable : observez-vous avec honnêteté et reconnaissez que vos comportements de surveillance, manipulation, chantage affectif etc. sont nocifs et inefficaces.
Comprendre d’où cela vient
Analysez en profondeur vos motivations : manque affectif, peur de l’abandon, besoin maladif de garanties ? Cette introspection vous aidera à résoudre ces insécurités à la racine.
Renforcer votre estime personnelle
Travaillez sur vous-même pour développer votre confiance en vous. Occupez-vous, voyez vos amis, menez des projets épanouissants. En un mot : cessez de vous définir uniquement à travers votre partenaire.
Oser lâcher prise
Laissez votre moitié vivre sa vie et mener ses propres expériences sans avoir besoin de tout savoir et tout analyser. Acceptez l’absence, le mystère, l’incertitude.
Privilégier la communication
Plutôt que d’agir dans son dos en enquêtrice, osez partager vos besoins et vos peurs. Votre partenaire pourra ainsi les comprendre et les respecter.
En conclusion
L’amour ne peut fleurir que sur les terrains fertiles de la confiance, du respect et de la liberté. Bannissez la possessivité qui étouffe et tuez dans l’œuf les tentations manipulateurs.
Accordez à l’être aimé l’espace nécessaire pour qu’il puisse continuer à se développer, à voir ses amis, à mener ses projets. C’est en desserrant votre étreinte que vous le/la garderez près de vous, car nul n’aime se sentir prisonnier.
Apprenez également à gérer par vous-même vos peurs et vos manques affectifs sans reporter sur l’autre la responsabilité de les combler. Vous vivrez alors une relation de couple épanouie, basée sur le respect mutuel.
